Apprivoiser un Leprechaun – de Rochel Kirst et Sully Holt



Auteur: Rochel Kirst et Sully Holt
Nombre de Pages
: 272 pages
Éditeur : Mix Editions
Date de sortie : 3 décembre 2020
Prix éditeur : 3.99 – 13€
Achat : Site de l’éditeur ou amazon

RÉSUMER

Lorsque Paul Smith, analyste psychorigide fasciné par la guerre de Sécession, rencontre Renan Murphy, un artisan irlandais solaire, son quotidien bien ordonné vole en éclats à cause d’un latté vanille honteusement subtilisé et maltraité. Aux yeux de Paul, les énergumènes tels que Renan n’apportent que des problèmes : trop exubérants, trop charmeurs, trop décomplexés, trop… vivants. Mais quand il a l’opportunité de faire appel à lui pour réparer son toit, il n’hésite pas. Car après tout, le beau barbu lui doit une faveur, et un café !

Entre règlement de comptes de vieux mafieux à la retraite et reconstitution en costumes de grandes batailles, Renan n’entend pas seulement combler le vide béant dans la toiture de Paul, mais aussi celui dans sa vie.

MON AVIS

Un superbe roman loin des clichés avec des personnages originaux et deux auteurs à la plume complémentaire.

Je crois que ce qui résumerait le mieux ma lecture fut « sourire » et « bonne humeur ». Durant toute ma lecture, j’ai eu la même sensation agréable qu’en lisant « comment se comporter comme une personne normale » de TJ Klune. Pour ceux et celles qui ne le savent pas, il s’agit de l’un de mes livres doudou. J’ai donc ADORÉ ma lecture de « Apprivoiser un Leprechaun ».

Tout d’abord nous avons des personnages originaux. Paul Smith, mon petit chouchou, analyste psychorigide, légèrement *sarcasme* névrosé et anxieux passionné par la guerre de Sécession, très intelligente, mais hautement asociale. Il aime le calme, la tranquillité, la solitude et qui fait tout pour conserver son cadre de vie discret et sans surprise.

 Et de l’autre côté, notre Renan international ! Notre Irlandais massif roux et barbu est tout le contraire, ou presque, de Paul. Il est souriant, avenant, toujours prêt à rendre service aux autres, massif, parle beaucoup et fort se préoccupe des autres plus que de lui-même et aime la compagnie de sa famille et de ses amis. Même si Renan semble parfaitement heureux, on constate qu’il lui manque quelque chose… ou plutôt quelqu’un !

Paul et Renan par l’illustratrice Lucie F. Zéven !

Deux univers qui vont se percuter. S’écrasant l’un contre autre autant que des gouttes de café crachées sur une veste de costume : autant qu’un arbre sur le toit d’une maison ; autant qu’… mais je ne vais pas vous spoiler !

Si Renan est un personnage génial, c’est bien Paul qui est resté mon petit chouchou. Il est super bien travaillé, sarcastique, froid, désagréable, et pourtant, on sent qu’il n’est pas méchant. On en apprend bien sûr un peu plus sur les raisons qui sont en partie à l’origine de son comportement, mais on le voit surtout évoluer au contact de Renan. De plus, je vois trop rarement des personnages « ordinaires » comme lui. Oui il est un peu toqué, mais ce n’est pas le seul ! Je l’ai adoré.

« Bonsoir M. Murphy. Je suis Paul Smith. Du Starbucks. Vous m’avez craché dessus ce matin. […] 
Est-ce qu’il s’attendait à ce que l’inconnu au latte le rappelle ? Pas vraiment. Est-ce qu’on pouvait être poursuivi pour avoir craché du café sur quelqu’un ? Probablement. M. Grincheux avait une tête d’avocat. Et si Aideen avait vu juste, il pouvait même être un avocat serial killer. Oh ! ça aurait fait un scénario génial pour un épisode de… »

Pour faire court, l’histoire est super amusante, et très prenante, on ne s’attarde pas sur toute la vie et le pathos de chaque personnage, non ici, nous suivons l’histoire, nous suivons leurs rencontres, l’évolution de leur « relation ». Les tentatives successives de Renan pour se faire une petite place au côté de l’homme taciturne et solitaire qu’est Paul sont tour à tour drôles, touchantes, émouvantes ou carrément wtf. Leurs deux modes de vie et leurs deux caractères sont tellement à l’opposé l’un de l’autre qu’ils semblent inconciliables et pourtant on veut les voir se rapprocher, on veut voir la carapace de Paul se fendre. On veut les voir heureux, l’un comme l’autre.

Les chapitres sont écrits tantôt du point de vue de Renan, tantôt de celui de Paul. Ce n’est pas le premier 4 mains que je lis et je suis une fois de plus conquise.  L’écriture est parfaite, spontanée, naturelle, et très drôle. Le fait que nous ayons alternativement les points de vue de Renan et de Paul renforce l’immersion dans l’histoire tout en nous en apprenant un peu plus sur eux.  Sully Holt (que je découvre ici) et Rochel Kirst (que je connaissais pour Aphantasia, un roman d’une tout autre ambiance) arrivent à rendre vivant ce petit bonhomme acariâtre et effrayé tout autant que ce sublime et costaud rouquin bruyant et solaire.

Je recommande ce livre si vous voulez passer de bon moment, rencontrer des personnages bien travaillés, les voir galérer en riant et suivre leurs aventures parfois rocambolesques, mais toujours passionnantes. Alors pour savoir si notre vaillant Irlandais va réussir à apprivoiser son petit leprechaun… FONCEZ !

Comme le meilleur moyen de vous convaincre du fait que lire ce livre est un pur plaisir je vous laisse avec quelques extraits

« – Mon offre tient toujours pour votre costume, Paul. Je peux vous recommander un très bon pressing. Ils ont même réussi à retirer du goudron sur ma salopette !
– Je ne suis pas intéressé par l’adresse de votre blanchisserie, M. Murphy. J’ai un problème… d’arbre.
– D’arbre ?
Renan n’était pas à jour sur les codes de séductions. Il avait longtemps cru que l’expression « Netflix ans chill » signifiait vraiment se détendre devant un film en streaming. Est-ce qu’il y avait maintenant des métaphores forestières pour…
– Un très gros arbre. Qui a perforé ma charpente.
– Oooh… mais je ne suis pas vraiment… bûcheron ?
– Vous n’aurez pas à vous occuper de l’arbre. J’ai déjà quelqu’un pour ça. J’ai besoin de vous pour le trou.
– Ah.. Paul, je ne sais pas si je suis…l’homme dont vous avez besoin.
– Vous êtes bien couvreur non ?
L’Irlandais marqua une hésitation. Il devait absolument se renseigner sur tous les termes d’argot en cours.
– Ouiii… ?
Un soupir sec fit écho à sa réponse rien moins qu’assurée.
– Est-ce que vous êtes capable de réparer une toiture endommagée ou non ? Les ouvriers ont posé une bâche, mais si le temps se gâte…
– Un arbre est tombé sur votre toit ! Aaah, mais il fallait le dire ! »

« Il se souvint d’un de ses premiers enseignements sur les toits, auprès d’un vieux couvreur : l’équilibre, ce n’est qu’une suite de chute contrôlées. C’est l’hésitation qui mène au grand plongeon. »

 


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